Mais alors… la Timba c’est quoi ?
Le mot « timba » existe depuis bien plus longtemps. En effet, les rumberos utilisaient « timba » pour indiquer qu’une section de batterie particulière se déroulait à merveille. Par exemple, « ¡La timba está buena ! » ou « la timba est bonne ! ».
De plus, un dérivé de la timba « timbero », était également utilisé pour féliciter un musicien.
Il y a également le fameux pain à la goyave et au fromage bien connu des Cubains, le fameux pan con timba.
Histoire de la musique timba
Étymologie mise à part, le mot « timba » définit la pléthore de musique de danse populaire produite sur l’île de Cuba.
Pourtant, malgré l’omniprésence contemporaine du mot et son utilisation, le terme n’a été véritablement adopté qu’au cours des 15 dernières années. Si pour beaucoup l’âge d’or de la timba est la décennie des années 90, une période pleine de créativité et de pionniers musicaux, il s’avère qu’au cours de cette décennie, bon nombre de ces musiciens que nous considérons aujourd’hui comme les porte-drapeaux du mouvement timba étaient plus susceptibles d’utiliser le mot « salsa » pour promouvoir leur musique.
Les deux exemples les plus clairs sont Manolin, surnommé par José Luis Cortés « El medico de la salsa » (le médecin de la salsa) et Issac Delgado, qui se faisait appeler « El chévere de la salsa » (le gars cool de la salsa). En parallèle de ces exemples, vous pouvez trouver de nombreuses chansons d’autres artistes et groupes de cette décennie, comme Paulo FG, Manolito y su Trabuco, Charanga Habanera, même Los Van Van, faisaient référence à leur musique comme de la « salsa » dans leurs chansons, comme par exemple « mi salsa tiene sandunga » d’Elio Revé.
Durant les années 90 et une grande partie du début des années 2000, les musiciens qualifiaient leur musique de « salsa ». Il y a bien sûr eu de nombreux débats à ce sujet entre les musiciens eux-mêmes, mais le label salsa était reconnu internationalement et les musiciens devaient vendre leur musique hors de Cuba. Le meilleur exemple de ce dilemme est l’utilisation par les musiciens du terme « salsa » pour entrer sur le marché international de la musique de danse dans les années 90, couplée à l’utilisation officielle par Cuba d’une expression beaucoup plus large, música popular bailable (musique de danse populaire), pour décrire la même musique.
Une analyse approfondie est disponible dans « Timba » de Vincenzo Perna : le son de la crise cubaine.
Quel est le rapport avec la danse cubaine ?
Eh bien, depuis un moment et à cause de la vulgarisation et de l’utilisation plus largement acceptée de la « timba », les vidéos en ligne montrant des cours ou les gens apprennent la « timba » peuvent laisser à penser qu’il existe une danse cubaine appelée « timba ».
Il n’existe pas à Cuba de danse appelée « timba », du moins pas authentiquement.
C’est du marketing pour expliquer toutes les fusions, pour un public peu informé des réalités de la danse cubaine à Cuba.
En répondant à la demande des étrangers, les professeurs envoient une image déformée de ce à quoi ressemble la salsa cubaine réellement, ou authentiquement.
À quoi ressemblent les Cubains quand ils dansent ?
Voici une vidéo de danse cubaine de 2014 :
En voici une autre en 2016 :
Entre ces deux vidéos, la danse n’a pas changé, c’est du casino cubain. Ce sont des gens ordinaires, le peuple qui danse.
Les Cubains ne dansent pas vraiment la « timba », les Cubains ordinaires dansent encore le casino.
Y a-t-il une danse timba à Cuba ? La réponse est non. Il n’y a pas de nouvelle danse, les gens dansent toujours de la même manière (le casino) et il n’y a pas d’engouement pour la danse timba.
Pourquoi certaines personnes pensent-elles qu’il existe une danse cubaine appelée « timba » ?
Certains professeurs cubains en dehors de Cuba appellent ce qu’ils vendent « timba ». C’est du marketing, conçu pour vendre aux gens les mêmes produits qu’ils leur ont toujours vendus, mais sous un nom reconnaissable et plus sophistiqué avec suffisamment de marge de manœuvre pour prétendre que c’est différent, et vendre plus de cours.
Ce que parfois certains appellent la timba, d’autres l’appelleraient « suelta », parfois avec l’ajout de mouvements afro-cubains.
Ce qui est appelé timba aujourd’hui est exactement ce qui était appelé salsa à une certaine époque. Cette fusion de danse n’a rien à voir avec la musique et les pas chorégraphiés et les solos ne reflètent pas la danse qui se pratique socialement à Cuba. C’est comme un reconditionnement, sous une nouvelle étiquette.
Conclusion
Ce que vous pouvez retenir :
- Les cubains de l’île de dansent pas la timba, ils dansent le casino. La timba n’est pas une danse cubaine authentique.
- Les professeurs qui vendent des cours de timba profitent de la popularité du terme créé par d’autres professeurs en dehors de Cuba.
- Certains profs appellent leurs cours de « salsa cubaine » : « timba ».
La timba est une fusion.